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Et si nos douleurs venaient de blessures que personne ne nomme ?

 

Et si nos douleurs venaient de blessures que personne ne nomme ?

 

 

Dans nos vies, il existe des blessures invisibles, profondes, souvent ignorées. Bien qu'on parle fréquemment des cinq blessures principales de l'âme, il existe d'autres souffrances moins connues mais tout aussi puissantes. Ces douleurs silencieuses, qu’on peine à nommer, façonnent nos comportements, nos relations et parfois même notre identité. Mais comment commencer à guérir quand on ne sait pas de quoi on souffre ? Cet article vous invite à explorer ces blessures cachées et à découvrir des pistes de guérison pour mieux vous comprendre et vous libérer.

 

Oui, il est possible d’envisager d’autres blessures de l’âme en plus des cinq popularisées par Lise Bourbeau dans son livre « Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même (rejet, abandon, humiliation, trahison, injustice) ». Ces cinq blessures sont largement reconnues dans le développement personnel, mais certains psychologues, thérapeutes et auteurs considèrent qu’elles ne couvrent pas toutes les expériences douloureuses de l’être humain.

Voici quelques blessures complémentaires qui sont parfois évoquées :

 

I.                Introduction : Une vérité qui déborde du cadre

Il y a des douleurs qui ont un nom. Celles que l’on reconnaît, que l’on identifie, que l’on comprend presque, comme dit plus haut, le rejet, l’abandon, l’humiliation, la trahison, l’injustice… Ces cinq blessures, mises en lumière par Lise Bourbeau, ont aidé des milliers de personnes à mieux se comprendre, à mettre des mots sur ce qui faisait mal. Elles ont agi comme des lanternes dans le noir.

Mais parfois, malgré ces éclairages, quelque chose en nous continue de souffrir. Une sensation sourde, comme un frisson d’inachevé. Comme si, au-delà de ces blessures bien connues, d’autres marques invisibles persistaient. Un vide, une tension, une tristesse sans cause précise ou apparente.

Et si une partie de notre douleur n’entrait pas dans ces cinq cases ? 

Et si certaines blessures restaient dans l’ombre simplement parce qu’on ne sait pas encore comment les nommer ? 

Nous portons tous des histoires. Certaines sont racontées, d’autres murmurées dans le silence. Il arrive que l’âme se souvienne de choses que la mémoire a oubliées. Des émotions enfouies, des blessures anciennes, parfois héritées, parfois tues.

Dans cet espace entre le connu et l’invisible, entre le conscient et l’intuitif, se cachent peut-être ces autres blessures. Moins visibles, moins codifiées, mais tout aussi agissantes. Il est temps de les écouter.

 

II.              Quand les mots manquent pour dire la douleur

Il y a des jours où tout semble aller bien, et pourtant, quelque chose en nous vacille. Un malaise diffus, une fatigue que le sommeil ne répare pas, une tension intérieure que rien n’explique vraiment. 

Tu as peut-être déjà ressenti ça : ce sentiment de ne pas être à ta place, sans comprendre pourquoi. Ou cette impression de tourner en rond dans des schémas que tu croyais avoir dépassés.

Ce ne sont pas toujours des cris. Ce ne sont pas toujours des drames. Parfois, ce sont des silences. Des absences. Une solitude ancienne qu’on ne sait pas nommer. 

Comme une mélodie triste qui revient toujours en fond, peu importe ce que tu vis à l’extérieur.

Certaines douleurs n’ont pas de mot. Elles s’expriment autrement : dans le corps, dans les choix qu’on répète, dans les relations qu’on sabote ou les rêves qu’on abandonne. 

Elles se glissent dans nos pensées comme une pluie fine, insidieuse, continue. 

Ce n’est pas de la faiblesse. Ce n’est pas une question de volonté. C’est une invitation. 

Une invitation à regarder plus profondément. À se demander : Et si cette douleur venait d’ailleurs ? D’un endroit en moi que je n’ai jamais appris à écouter ?

 C’est ici que commence ce chemin. Non pas en cherchant à tout expliquer, mais en apprenant à ressentir, à accueillir, à poser une main sur ce qui pleure encore à l’intérieur, même doucement. 

Car certaines blessures ne demandent pas à être soignées tout de suite. Elles demandent d’abord à être reconnues.

 

III.            Ces blessures qu’on nomme rarement, mais qu’on ressent souvent

Parfois, ce n’est pas ce qui a été dit qui nous a blessés, mais ce qui ne l’a jamais été.

On pense souvent qu’une enfance sans cris, sans coups, sans drames visibles est une enfance heureuse. Mais il y a des silences plus lourds que les mots. Grandir dans un foyer où l’on n’a jamais été véritablement regardé, où l’on n’a jamais senti qu’on comptait, qu’on était important… c’est une blessure. Discrète, sourde, persistante. On l’appelle négligence émotionnelle. 

C’est cette femme brillante qui doute constamment d’elle-même, qui a besoin d’être validée à chaque pas, parce qu’enfant, elle n’a jamais senti que sa voix avait de l’écho.

 Et puis, il y a ceux dont l’espace intérieur a été envahi. Pas forcément par de la violence, non. Mais par une présence trop intense, trop intrusive. Un parent qui projette, qui impose, qui ne laisse pas l’enfant exister pour lui-même. Un amour qui étouffe plus qu’il ne nourrit. 

C’est ce jeune homme qui, adulte, n’arrive jamais à dire non, qui se sent coupable de poser ses limites, comme si s’affirmer était une trahison.

 Il y a aussi cette honte mystérieuse, celle qui ne vient de nulle part, mais qui colle à la peau. Elle s’insinue dans les gestes, les décisions, les relations. Elle dit en silence : « Tu n’es pas assez bien. Tu n’as pas le droit. Tu n’es pas digne. » 

Et pourtant, on cherche dans notre histoire… rien ne semble expliquer cette sensation. Jusqu’à ce qu’on découvre qu’elle ne vient pas de nous. Elle vient d’avant. Transmise. Portée. Comme si le corps se souvenait de blessures que l’esprit ignore. Cette blessure, c’est celle de l’héritage émotionnel, de la mémoire transgénérationnelle.

 Il y a aussi la blessure d’impuissance : celle qu’on ressent quand on a été spectateur impuissant de sa propre vie. Quand on n’a pas pu agir, se défendre, dire stop. Enfance sous emprise, enfermement familial, situations abusives. 

C’est cette personne brillante qui s’autosabote à chaque nouveau projet, qui abandonne avant même de commencer. Parce qu’en elle, une voix murmure : « À quoi bon ? Tu n’y peux rien. »

 Et enfin, il y a l’oubli de soi. Cette blessure qui se cache derrière le masque du "toujours disponible", du "je vais bien", du "ne t’inquiète pas pour moi". Ceux-là ont appris très tôt que leurs besoins passaient après. Qu’aimer, c’était se taire. Qu’exister, c’était s’effacer. 

Ce sont ces personnes qu’on admire pour leur dévouement… mais qui, la nuit tombée, ne savent plus qui elles sont.

 Ces blessures ne sont pas toujours nommées. Elles ne font pas la une des livres de développement personnel. Et pourtant, elles sculptent nos vies en silence.

 

IV.            Pourquoi ces blessures restent souvent invisibles ?

Elles passent inaperçues parce qu’elles sont devenues la norme. Parce qu’on a grandi avec, vécu avec, appris à composer avec elles. Elles se sont fondues dans notre personnalité, comme si elles faisaient partie de nous.

 Comment voir une blessure quand elle est là depuis toujours ? Quand elle a façonné notre manière de penser, de nous aimer, de choisir, d’aimer les autres ?

 Certaines douleurs sont si anciennes qu’elles n’ont jamais été verbalisées. D’autres ont été minimisées, balayées d’un « Ce n’est pas si grave », ou étouffées sous une couche de rationalité. On a appris à s’adapter, à sourire, à performer. 

Mais l’adaptation n’efface pas la blessure. Elle la rend juste plus difficile à voir.

 La psychologie classique, longtemps centrée sur les traumas majeurs, a parfois ignoré les micro-blessures du quotidien, ces minuscules déchirures répétées qui finissent par creuser l’âme pour y laisser une trace, parfois saignante. 

Et dans nos sociétés modernes, valorisant la force, la réussite, la productivité, il y a peu de place pour l’écoute des fragilités invisibles.

 Mais aujourd’hui, de plus en plus de voix s’élèvent pour dire : « Toute douleur mérite d’être entendue, même celle qui n’a pas encore trouvé ses mots. » 

Et peut-être est-ce cela, le début de la guérison : ne plus attendre que la blessure soit reconnue par les autres pour lui accorder notre propre attention.

 

V.          Comment commencer à guérir quand on ne sait pas de quoi on souffre ?

Parfois, la plus grande difficulté n’est pas de soigner… mais de savoir quoi soigner. 

On sent que quelque chose ne va pas, mais on n’a pas les mots. On ne sait pas d’où ça vient, ni comment l’expliquer. On vit avec une tristesse diffuse, une fatigue de vivre, une sensation d’être à côté de soi. Et face à cette confusion, beaucoup renoncent. « C’est comme ça, je suis comme ça. »

Mais non. Ce n’est pas une fatalité.  Il existe des chemins doux, progressifs, bienveillants, pour commencer à approcher ces douleurs sans nom.

La thérapie, bien sûr, peut être un point d’ancrage. Pas pour "réparer" ce qui ne va pas, mais pour offrir un espace où tout peut être dit, même l’indicible. Où un regard extérieur et bienveillant vient poser de la lumière là où, jusqu’ici, il n’y avait que du flou.

L’écriture introspective est un autre trésor. Prendre un carnet, et écrire, sans jugement, sans but. Laisser les mots venir. Écrire ce qu’on ressent sans chercher à comprendre tout de suite. Parce qu’écrire, parfois, c’est écouter avec la main. Et dans le silence du papier, quelque chose se révèle. 

Virginia Woolf disait : « La vie, ce n’est pas ce que l’on a vécu, mais ce dont on se souvient et comment on s’en souvient pour le raconter. » Écrire, c’est se souvenir autrement.

Les approches corporelles sont précieuses aussi. Le corps se souvient de ce que la tête a oublié. Le yoga, le massage thérapeutique, la respiration consciente, la danse libre… Tout cela permet d’accéder à des émotions qui ne passent pas toujours par les mots. Parfois, pleurer pendant une séance de respiration est plus guérisseur qu’un long discours. 

Et puis il y a l’exploration transgénérationnelle : plonger dans l’histoire familiale, découvrir les non-dits, les deuils non faits, les secrets lourds. Non pas pour accuser ou revivre, mais pour libérer. Pour remettre à chacun ce qui lui appartient, et enfin se réapproprier sa propre histoire.

Mettre un mot sur une douleur, ce n’est pas l’enfermer.  C’est au contraire la reconnaître, lui faire une place, la sortir de l’ombre où elle nous contrôlait à notre insu. C’est lui dire : « Je te vois. Je t’entends. Tu peux exister, mais tu ne me diriges plus. » 

Et c’est là, souvent, que commence la guérison.

 

VI.         Conclusion : Honorer les parties oubliées de soi

Il n’y a pas de chemin tout tracé vers la guérison. Il n’y a pas de carte avec des étapes précises. Il y a seulement des élans, des intuitions, des instants de clarté. Et beaucoup, beaucoup de tendresse envers soi.

 Ce n’est pas en se collant de nouvelles étiquettes qu’on se libère, mais en se rencontrant vraiment. En accueillant toutes les parts de soi, même les plus floues, même celles qu’on ne comprend pas encore.

 Honorer ses blessures, ce n’est pas s’y enfermer.  C’est reconnaître qu’elles ont existé, qu’elles ont laissé une empreinte… mais qu’elles ne sont pas tout ce que nous sommes.

 Il y a en chacun de nous une force douce, patiente, immense. Celle qui se relève après chaque chute. Celle qui continue de chercher du sens, même dans le chaos. Celle qui, parfois, n’a besoin que d’un espace d’écoute pour s’épanouir.

 

Alors, à toi qui lis ces lignes… 

Et si tu faisais aujourd’hui un pas, même minuscule, vers cette part oubliée de toi ? 

Et si tu lui disais : « Je suis là. Je t’écoute. Je ne te fuis plus. »

 Parce qu’au fond, la guérison ne commence peut-être pas avec une réponse.  Elle commence avec une présence.



Par: Said HARIT

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